jeudi 13 août 2015

MERCREDI 12 AOUT: Grandes ambitions de Moosalp écourtées par accident à gérer

Une équipe de 7 à décoller de Moosalp, entrée du MatterTal. Monter en bus PTT depuis Viège et marcher 20-30 minutes.

J'ouvre le bal un chouia tôt et manque les premières mini-pompes. Je me retrouve à 1700 à gratter bientôt en fond de vallée. Je persévère...1h... voyant passer au-dessus tous les copains!

Enfin je monte à 3000, puis 3300 et j'arrive sur Zermatt entendant à la radio Thomas, Pascal et Ruru se décidant à franchir le TriftJoch pour passer (entre Obergabelhorn et Trifthorn/Zinalrothorn) sur Zinal, à raz les...

Au même moment, franchissant une arête effilée de plus (toutes turbulentes), je vois une voile gonfler dans un pierrier. Je me dis que c'est un rando-volant pas fûte-fûte de décoller sous le vent de vallée dans le rouleau (mais quand même dans le thermique). Regardant mieux, je vois un homme au sol, recroquevillé et la voile ne décollant pas. Aïe! ça sent l'accident.

Je tente de m' approcher malgré le danger et crie: "ça va?"  Réponse: "non"

Je ne sais pas de qui il s'agit mais je décide de poser pas trop loin pour l'aider. Le coin est malsain. Gros pierriers pointus de granit et turbulences. J'essaie de rester très proche du sol en cas de fermeture, mais en fait je suis bien assez loin pour me faire... disons... très mal. Je pose un peu avant l'endroit prévu (dégueulante) dans un gros pierrier. Heureusement presque sans mal, je me tape le talon. Pas très prudent tout de même! Je me précipite (après avoir mis ma voile en boule et posé la sellette dessus en prévision de l'hélico) en 3 minutes vers le blessé retenu dans un gradin herbe/roches raide me préparant mentalement à stopper une hémorragie mortelle.
 Je me rends compte qu'il s'agit d'un gars de l'équipe de ce matin qui s'est joint à nous. Il n'est pas membre de notre club, je le connais depuis ce matin.

Ouf. A première vue, pas de sang. Mais hémorragie interne possible et dos probablement abîmé.
La pente est suffisamment raide pour rouler en bas au moindre faux pas (peu visible sur les photos).
Le blessé est retenu dans sa sellette par 3 suspentes crochées dans des pierres au-dessus.
Il sent ses jambes, est conscient, mais a très mal dans la région du tronc. Pour l'hémorragie interne, je ne sais pas, mais il reste très conscient. Je ne vois pas que faire. Impossible de la bouger sans prendre de risque. Je pense qu'il a le bassin cassé ainsi que des côtes, et peut-être l'épaule (cela s'avérera).

Il me dit avoir déjà appelé l'hélico. J'essaie de préparer sa voile pour qu'elle ne s'envole pas. Mais comme il est retenu pas elle, je ne peux que la replier très partiellement et poser quelques gros cailloux sur le tout.

Puis, avant d'attendre à côté de lui, j'appelle aussi les secours (dans le doute) et redonne les coordonnées GPS. Les premières ont été données fausses et l'hélico est parti vers Berne!

L'hélico met 45' pour arriver. Il se met en stationnaire à 20 mètres et dépose 3 secouristes avec une civière gonflable.

Diagnostic primaire: apparemment pas d'hémorragie interne. Pour le dos, impossible d'être sûr, mais les sensations dans les jambes sont un signe positif. On effectue tout de même toutes les démarches pour le mettre délicatement dans la civière. Pas évident de le réassurer pour éviter qu'il ne roule en-bas, le sortir de sa sellette et le glisser dans la civière.

L'hélico va l'hélitreuiller, je dois me dépêcher de récupérer son matériel et le plier à la va-vite dans son sac sur ce terrain pentu. Je dois descendre le sac sur un replat 100m plus bas et remonter faire la même chose avec mon matos. Le guide m'a fortement conseillé de descendre avec eux en hélico. C'est ce que je pensais faire. Redécoller dans ce coin malsain n'aurait pas été bien sage. J'aurais pu me déplacer 20-30 minutes plus loin, mais n'étais pas certain qu'une petite barre de rocher ne me rende la tâche trop dangereuse. En plus, mon talon me tire un peu. Puis la motivation de voler était quelque peu... retombée!

L'hélico arrive trop vite, rien n'est plié, nous ramassons le tout en tas, avec le guide, en prenant bien garde que rien ne s'envole dans les hélices (!). Pas évident. L'hélico est en stationnaire sur les grosses pierres, et nous grimpons dedans comme on peut (avec le guide), en espérant que le patin ne m'écrase pas le pied sur une roche (ça bouge!). Tout se passe bien, je m'affale sur mon tas parapentesque et on descend vers l'héliport d'Air-Glacier vers Zermatt.

Informations aux copains (Kreukreu et Luco me rejoindront à la gare), Ruru, Pascal et Thomas ne pouvant rien faire ont continué leur cross. Ruru à Evolène, les 2 autres siamois en LM5 à... Aigle. Bravo les gars.

Je replie un peu mieux tout ce matos dans le hangar à hélico, ressortant plusieurs pierres de 3 kg de la Triton2 neuve du copain. Elle est quand même un peu amochée! Porter les 2 sacs dans une chaleur écrasante pendant 15 minutes jusqu'à la gare me fait apparaître des bières à chaque coin d'immeuble. Pas le temps: Kreukreu et Luco arrivent, le train est prêt à partir.

Heureusement, Ruru nous attend à Sion avec les objets de mes hallucinations. Merci les copains pour votre compagnie.

SMS du blessé avant d'arriver à Gland: Bassin cassé, côtes et sternum également. Rien au dos! Il s'en tire bien, ça aurait pu être beaucoup plus grave, voire fatal!

A noter que Luco Lacombe est passé quelques minutes avant moi, a vu la fracassée (7-8 tours d'autorotation, pas de secours tiré, et crash dans le pierrier). Il s'est éloigné du coin malsain pour aller poser plus intelligemment que moi dans un champs d'edelweiss 2 km plus loin pour appeler les secours. Ayant vu l'accident, il était persuadé qu'il devait être mort!

Contacts radio, informations à tout le groupe. Kreukreu pose aussi dans les edelweiss en attendant la suite et plus de détail. Comment on allait s'organiser.

Voilà, voilà. Certes, pas un cross formidable :-/ mais une expérience prenante, et même si j'espère que cela ne m'arrivera jamais, je serais aussi heureux que quelqu'un avorte son projet de cross pour m'aider.

Toujours plus décidé à prendre plus de marge! et à rester en Mentor, B.

Urs Haari a encore bouclé un triangle FAI de 220km en Mentor 4! que vouloir de plus?

http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:uhaari/12.8.2015/08:09



On ne se rend pas bien compte de la pente. On voit le réassurage du blessé. Chapeau, le pilote en stationnaire!


vue sur mon atterro et ma voile en boule depuis le lieu de l'accident.




le Cervin pendant l'attente. Ma voile est juste à droite mais pas sur la photo


le lieu du crash

les blocs les plus sympa du coin

Ben oui, là c'est plus accueillant. L'endroit où Kreukreu et Luco ont attendu.